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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 17:10

Cliché de famille

Comme tous les matins, Irène se levait, mettait son peignoir, refaisait son lit et sortait de sa chambre.

Comme tous les matins, elle descendait le grand escalier de marbre décoré d'un tapis en velours rouge devenu pourpre avec l'âge.

Comme tous les matins, elle saluait son majordome qui lui amenait le petit déjeuner, repas sacré du matin, son journal et son courrier.

 

Contrairement aux autres matins, elle vit une lettre de sa fille. Sa fille ... Cela faisait maintenant 4 ans qu'elle était sans nouvelles. Non pas que celle-ci n'essayait pas de reprendre contact avec sa mère restée seule dans sa grande demeure. Mais Irène, reniant sa seule enfant refusait toute approche. Cette dévergondée avait simplement bafouer les règles de la bienséance.

 

L'histoire avait débuté il y a cinq longues années. A ce moment là, Irène vivait seule avec sa fille, Marie-Joëlle, le père de celle-ci, Jean-Charles, étant décédé quelques années auparavant lors d'un tragique accident. La noblesse coulait dans leur sang. Marie-Joëlle, étant adulte, n'avait plus de précepteur pour l'éduquer mais devait continuer à apprendre à se comporter de manière appropriée pour une jeune fille de ce rang. Sa mère cherchait dans les domaines des alentours un jeune homme bon et de bonne famille qui accepterait la main de sa fille. Il lui fallait une descendance importante pour faire vivre sa lignée.

 

Lors de l'hiver, la demeure eut quelques problèmes d'électricité. Encore instable à ce moment, c'était un problème récurrent. L'électricien venait souvent. Et avant qu'Irène ait pu y comprendre quelque chose, Marie-Joëlle s'était entichée de l'homme en salopette. Leur amour caché avait duré, grandissant de jour en jour. En les voyant revenir à deux, Irène comprit ce qui se tramait dans son dos. Elle les sépara et enferma sa fille, en essayant en vain de lui expliquer qu'une famille aussi noble que celle-ci ne pouvait sortir avec un homme du peuple. Le soir même, Marie-Joëlle s'enfuit et parti épouser l'homme qu'elle aimait éperdument.

 

C'est dans cet état d'esprit qu'Irène prit l'enveloppe entre les mains, reconnaissant l'écriture caractéristique de sa fille. Généralement elle aurait déchirer directement cette lettre sans chercher à en savoir plus. Mais, cette fois c'était différent. Était-ce le poids exceptionnellement léger du courrier ? Ou bien l'écriture étrangement tremblante ? Ou une simple intuition ? Quoi qu'il en soit, pour une fois elle décida d'ouvrir l'enveloppe et d'en sortir le contenu. Pas de lettres manuscrites, pas de carte de vacances, rien de tout ça. Mais quelque chose de plus important encore. Une unique photographie.

 

On y voyait Marie-Joëlle, changée depuis ces 4 ans mais ce sourire si personnel, cette façon de regarder l'objectif. Même dans une photo en noir et blanc, reconnaissable entre toutes. A ses côtés son mari, tout sourire lui aussi. Celui-ci n'avait aucune importance aux yeux d'Irène. Dans les bras de Marie-Joëlle, un enfant. Il devait avoir 6 mois. Ses yeux, les mêmes que Jean-Charles, percèrent le cœur meurtri de la vieille veuve, s'apprenant grand-mère. Elle trouva derrière la photographie une adresse.

 

Comme tous les matins, après avoir lu son courrier, Irène alla s'habiller. Le reste de la journée allait être très différente des autres...

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